Vous avez vécu maintes fois (1ère partie)
Osho,
Dans la société occidentale, on considère que ce qui compte, c'est la jeunesse. Mais le corollaire naturel de cela, c'est que plus on s'éloigne de sa jeunesse, moins les anniversaires sont des motifs de compliment, ils deviennent une réalité inévitable et embarrassante de la vie. Il devient impoli de demander à quelqu'un son âge; on teint les cheveux gris, on recouvre ou on remplace complètement les dents; les seins et les visages fatigués doivent subir un lifting, il faut aplatir les ventres et soutenir les varices - mais en gardant tout cela secret. Si quelqu'un vous dit que vous faites votre âge, vous ne le prendrez certainement pas pour un compliment.
Voudrais-tu parler du vieillissement ?
Le mental occidental est conditionné par l'idée que l'on n'a qu'une seule vie : soixante-dix ans de vie... et que la jeunesse ne reviendra plus jamais. En Occident, le printemps ne vient qu'une seule fois; alors naturellement, un profond désir émerge de s'y accrocher aussi longtemps que possible, de faire semblant par tous les moyens d'être encore jeune...
Mais pour l'Orient, la vie n'est pas seulement une petite tranche de soixante-dix ans où la jeunesse ne vient qu'une seule fois. L'idée est que, tout comme dans l'existence, tout revient éternellement; l'été arrive, les pluies arrivent, l'hiver arrive et l'été revient... tout tourne comme une roue. La vie ne fait pas exception.
La mort est la fin d'un cycle et le début d'un autre. Vous serez à nouveau une enfant puis à nouveau une jeune femme, et à nouveau vous serez vieille. Il en a été ainsi depuis le début des temps, et il en sera ainsi jusque à la fin des fins... jusqu'à ce que vous soyez si éveillée que vous pourrez sauter hors de ce cercle vicieux et que vous pourrez entrer dans une loi totalement différente : de l'individualité vous pourrez sauter dans l'universel.
Une chose donc : à cause de l'idée d'une vie unique, l'Occident se préoccupe trop d'être jeune. On fait tout pour rester jeune aussi longtemps que possible, pour prolonger le processus. Cela crée de l'hypocrisie, cela détruit une croissance authentique, et cela ne vous permet pas de devenir vraiment sage dans votre vieillesse, parce que vous détestez la vieillesse. Parce que la vieillesse ne vous fait penser qu'à la mort, à rien d'autre; parce que la vieillesse signifie que le point final n'est pas loin. Vous êtes arrivée au terminus; encore un coup de sifflet et le train s'arrêtera.
Les gens essaient de rester jeunes, mais ils ne savent pas que c'est la peur même de perdre leur jeunesse qui les empêche de la vivre dans sa totalité.
Deuxièmement, la peur de perdre votre jeunesse vous empêche d'accepter votre vieillesse avec grâce. Vous ratez à la fois la jeunesse - sa joie, son intensité - et la grâce, la sagesse, la paix qu'apporte la vieillesse. Mais tout ceci est basé sur une conception fausse de la vie.
A moins d'abandonner l'idée qu'il n'y a qu'une seule vie, l'Occident ne pourra changer cette hypocrisie, cette dépendance et cette peur. En réalité, la vie n'est pas unique : vous avez vécu maintes fois et vous vivrez encore maintes fois. Par conséquent, vivez chaque moment aussi totalement que possible ; rien ne presse de sauter vers un autre moment. Le temps n'est pas de l'argent, le temps est inépuisable; et il est disponible pour le pauvre autant que pour le riche. En ce qui concerne le temps, le riche n'est pas plus riche et le pauvre n'est pas plus pauvre.