La Société ne vous apprend jamais à être Vigilant...
Pourquoi l'homme réprime t-il autant et se rend-il malade? Parce que la société vous apprend à vous contrôler et non à transformer et la voie de la transformation est complètement différente; en premier lieu ce n'est pas du tout la voie du contrôle, c'est tout l'opposé.
Premier point: Lorsque vous contrôlez, vous réprimez, dans la transformation vous exprimez.
Mais il n'est pas nécessaire d'exprimer envers quelqu'un d'autre car le quelqu'un d'autre n'a rien à voir avec cela. La prochaine fois que vous ressentirez de la colère, allez courir sept fois autour de la maison puis asseyez-vous sous un arbre et regardez où votre colère s'en est allée. Vous ne l'avez pas réprimée, vous ne l'avez pas contrôlée et vous ne l'avez pas déversée sur une autre personne; car si vous la déversez sur une autre personne, une réaction en chaîne se crée, car l'autre est aussi insensée que vous, aussi inconscient que vous.
Si vous la déversez sur un autre et que cet autre est un être illuminé, il n'y aura pas de problème; il vous aidera à la déverser, à la libérer et à passer à travers une catharsis. Mais si l'autre est aussi ignorant que vous et que vous déversez votre colère sur lui, il réagira. Il déversera sur vous encore plus de colère, il est aussi refoulé que vous l'êtes. Alors la réaction en chaîne se crée; vous rejetez sur lui, il rejette sur vous et vous devenez tous les deux des ennemis.
Ne la déversez sur personne. C'est la même chose que lorsque vous avez envie de vomir, vous ne vomissez pas sur quelqu'un. La colère à besoin d'être vomie. Vous allez aux toilettes et vous vomissez ! Cela nettoie votre corps, si vous réprimez le vomissement ce sera dangereux mais lorsque vous aurez vomi vous vous sentirez frais, vous allez vous sentir soulagé, dégagé, bien et en forme. Il y avait quelque chose de mauvais dans la nourriture que vous aviez prise et votre corps l'a rejeté. Ne vous forcez pas à le garder à l'intérieur.
La colère est juste un vomi mental, vous avez absorbé quelque chose de mauvais et tout votre être psychique veut s'en débarrasser, mais ce n'est pas la peine de s'en débarrasser sur un autre.
C'est parce que les gens la rejettent sur les autres que la société leur dit de la contrôler.
Il n'y a aucun besoin de déverser sa colère sur un autre, vous pouvez aller aux toilettes, vous pouvez faire une longue marche; cela signifie qu'il y a quelque chose en vous qui a besoin d'une activité rapide de façon à ce que cela soit libéré. Faites juste un petit jogging et vous constaterez qu'elle a disparu ou bien prenez un oreiller et frappez-le, battez-vous avec l'oreiller, mordez-le, jusqu'à ce que vos mains et vos dents se relâchent. Au bout de cinq minutes de catharsis vous vous sentirez soulagé et une fois que vous aurez réalisé cela vous ne la jetterez jamais plus sur quelqu'un car c'est absolument insensé.
Dans le processus de transformation, la première des choses à faire est d'exprimer la colère, mais pas sur une autre personne car si vous la déversez sur quelqu'un vous ne pouvez pas l'exprimer totalement. Vous pouvez avoir envie de tuer, mais ce n'est pas possible; vous pouvez avoir envie de mordre, mais ce n'est pas possible; cependant l'on peut le faire à un oreiller. Oreiller veut dire 'déjà illuminé', l'oreiller est illuminé, un bouddha ! L'oreiller ne réagira pas, ne portera pas plainte, ne développera aucune hostilité envers vous, l'oreiller ne fera rien, l'oreiller sera heureux et il rira de vous.
La deuxième chose à se rappeler, c'est d'être conscient
Pour contrôler aucune conscience n'est nécessaire, vous faites cela mécaniquement, comme un robot. La colère apparaît et le mécanisme se met en route; soudain tout votre être se rétrécit et se ferme. Si vous êtes attentif, le contrôle ne sera pas aisé.
La société ne vous enseigne jamais à être attentif, car lorsque quelqu'un est attentif, il est totalement ouvert. Cela fait partie de la conscience, l'on est ouvert et si vous voulez réprimer quelque chose et que vous êtes ouvert, c'est en contradiction, cela peut sortir. La société vous apprend à vous renfermer, comment vous enfouir, ne vous permettant pas même une petite fenêtre pour laisser passer quelque chose. Mais souvenez-vous que lorsque rien ne sort, rien ne rentre non plus. Lorsque la colère ne peut pas sortir, vous êtes fermé. Si vous touchez une belle pierre, rien n'entre en vous ; vous regardez une fleur et rien n'entre, vos yeux sont morts et fermés. Vous embrassez quelqu'un, rien n'entre en vous car vous êtes fermé, vous vivez une vie insensible.
La sensibilité grandit avec la conscience.
Du fait du contrôle vous devenez triste et mort, cela fait partie du mécanisme du contrôle; si vous êtes triste et mort alors rien ne vous affecte comme si votre corps était devenu une citadelle, une défense. Rien ne vous affecte, ni l'insulte ni l'amour.
Mais ce contrôle a un coût élevé, un coût inutile, il devient alors tout l'effort dans la vie; comment vous contrôler puis mourir ! Les efforts que vous faites pour vous contrôler absorbent toute votre énergie et vous mourez, tout simplement. La vie devient une chose triste et morte; d'une certaine façon, vous la subissez.
La société vous apprend l'interdit et le contrôle, car un enfant ne se contrôlera que lorsqu'il sent que quelque chose est interdit. La colère est mauvaise, le sexe est mauvais; tout ce qui doit être réprimé doit être montré à l'enfant comme étant un péché, comme quelque chose de mauvais.
Le fils de Mulla Nasruddin grandissait, il avait dix ans et Mulla pensa: le moment est venu, il est assez grand pour qu'on lui révèle les secrets de la vie. Il le fit venir dans son bureau et lui donna la tirade sur la sexualité chez les oiseaux et les abeilles. À la fin il lui dit: 'Lorsque tu penseras que ton jeune frère est assez grand, tu lui apprendras également toutes ces choses'.
Quelques minutes après, passant devant la chambre des enfants, il entendit le plus grand, celui qui avait dix ans, déjà au travail. Il disait au plus jeune: 'Écoute, tu sais ce que font les gens lorsqu'ils veulent avoir un enfant, un bébé ? Bien ! et bien Papa dit que les oiseaux et les abeilles font le même sacré truc'.
Une condamnation profonde pèse sur tout ce qui est vivant.
Et la sexualité est la chose la plus vivante; il faut qu'elle le soit ! C'est la source. La colère est aussi une chose très vivante parce que c'est une force de protection. Si un enfant ne peut pas du tout se mettre en colère, il ne sera pas à même de survivre. À certains moments vous devez être en colère. L'enfant doit montrer sa nature profonde, à certains moments l'enfant doit se tenir debout sur sa propre base, sinon il n'aura pas de colonne vertébrale.
La colère est belle, la sexualité est belle mais les belles choses peuvent devenir laides; cela dépend de vous. Si vous les condamnez, elles deviennent laides; si vous les transformez, elles deviennent divines.
La colère transformée devient compassion, car c'est la même énergie. Un bouddha est compatissant, d'où vient sa compassion ? C'est la même énergie qui agissait dans la colère, maintenant elle n'agit plus dans la colère, cette même énergie s'est transformée en compassion. D'où vient l'amour ? Un Bouddha aime, un Jésus est amour. La même énergie qui agit dans la sexualité devient de l'amour.
Aussi, souvenez-vous, si vous condamnez un phénomène naturel il devient empoisonné, il vous détruit, il devient destructif et suicidaire. Si vous le transformez, il devient divin, il devient une force divine, il devient un élixir; à travers lui vous atteignez l'immortalité, à travers lui vous devenez immortel. Pour cela une transformation est nécessaire.
Osho, Extrait de: And the Flowers Showered, #3